jeudi 5 mars 2009

C'est fini !


Et voilà, c'est déjà fini ! C'est trop court, 4 mois ! Et il en reste des choses à visiter au sud de l'Argentine et du Chili, autour de la Paz ou dans la partie tropicale de Bolivie, et, plus loin au Pérou que tout le monde dit incontournable, en Equateur qui m'a été plusieurs fois recommandé, en Colombie qui est, paraît-il, si accueillante !

Mais, la France, ce n'est pas mal du tout non plus ! Tiens, le carnaval de Dunkerque (photo), ça mérite le voyage !

Merci à vous qui m'avez virtuellement accompagné dans ce voyage en suivant mes récits. C'était important pour moi de savoir que je n'écrivais pas juste pour les Martiens à l'autre bout du cyber-espace ! Alors, si vous ne vous êtes pas encore manifestés, envoyez moi un petit commentaire sur le site (surtout pour les félicitations) ou par email (bpol@voila.fr) (surtout pour les critiques !), que je sache que nous avons voyagé ensemble ! Merci. Bonne route !

"Même en courant
Plus vite que le vent,
Plus vite que le temps,
Même en volant,
Je n'aurai pas le temps, pas le temps...

De visiter
Toute l'immensité
D'un si grand univers
Même en cent ans,
Je n'aurai pas le temps de tout faire.

Et pour aimer
Comme l'on doit aimer
Quand on aime vraiment,
Même pour aimer...
Je n'aurai pas le temps, pas le temps...

Des milliers de jours,
C'est bien trop court,
C'est bien trop court."

(Michel Fugain, Pierre Delanoë)

samedi 7 février 2009

Dernière longueur !


Et voilà déjà le dernier tronçon ! Le retour à Tucuman, là où j'avais acheté mon vélo au départ de ce voyage, et où je dois récupérer les affaires abandonnées à l'issue de la première étape pour cause de poids excessif.

C'est le moment un peu triste où l'on doit commencer à compter les jours. Mais c'est aussi un peu un programme de rattrapage : je prévois de repasser sur les lieux de nos 3 premières étapes, mais en prenant davantage le temps cette fois.

Ca commence mal à Salta : jour de pluie. Je décide donc, le lendemain, le parcourir 100 km en bus pour garder mon crédit temps pour la suite. Avant de monter sur le vélo à l'entrée de la quebrada de Cafayate (ou de las Conchas), je rencontre un couple de jeunes Ecossais à vélo, avec leurs 2 enfants dans des remorques du type de la mienne. Partis pour 8 mois, ils ont déjà fait étape en Australie et Nouvelle-Zélande. Lui dit dit avoir une monture (vélo + remorque + enfant + bagages) de l'ordre de 75 kg ! Et elle n'a pas beaucoup moins. Et ils ont franchi la grimpée de 1700 m qui avait constitué notre première étape, et à l'issue de laquelle j'avais abandonné une partie de bagages pour cause de surcharge pondérale. Alors, eux, je n'ose pas imaginer..! J'ai un peu pitié, aussi, pour ces enfants enfermés de longues heures dans les carrioles...

Le contraste de la terre rouge et du vert de la végétation le long de la rivière. Des formes encore inédites. Et des couleurs..! Une superbe étape à vélo.

Dans l'après-midi, toutefois, un de mes doigts se met à gonfler sans raison apparente, et à une vitesse surprenante, prenant une couleur blanche près de l'ongle. Il devient de plus en plus douloureux pendant la nuit, au point que je suis obligé de l'"opérer" au petit matin. La consultation à l'hôpital et l'analyse de sang révèlent un taux anormal de globules blancs : hospitalisation ! Et me voilà pendant 2 jours, sans douleur, car elle est vite passée, et en pleine forme, bloqué dans une chambre d'hôpital à subir une perfusion d'antibiotiques pendant que le soleil brille dehors. Réussi mon petit séjour à Cafayate ! Mon programme de rattrapage ! J'aurai juste réussi à faire une petite marche vers le rio colorado qui se remonte de façon un peu sportive à la découverte de ses cascades.

Pour arriver à Tucuman en un jour, mon dernier jour, je dois évidemment continuer en bus et décide de me faire déposer à l'Infernillo, un col au-dessus de Tafi del valle, à 3000 m, où nous étions passés avec Laurent au deuxième jour de notre périple. Me resteront alors une soixantaine de kilomètres de descente et autant de plat. Seul problème : 2 bus au choix seulement : un à 1h du mat = coucher vers 4h à ce col , ou un à 5h du mat = lever à 4h ! Je choisis le coucher tardif, avec lever sans contrainte. Alors qu'il avait fait beau tout le temps où j'étais a l'hosto, c'est pluie toute la soirée à Cafayate. Pas très rassurant au moment de me faire déposer en haut de ce col au milieu de la nuit ! Et le chauffeur du bus qui oublie l'arrêt - peu pratiqué, il est vrai, surtout à cette heure - et me laisse 1 km plus loin, le temps que je réagisse. Remontage de la remorque et vélo de nuit pour revenir au col (heureusement, plutôt plat)... Coucher à 4h30 du mat. Petite nuit !

La chaussée ne permet pas l'ivresse de la vitesse sur la première partie de la descente de l'Infernillo, mais ces 2600 m de descente sont tout de même une récompense de fin de séjour. Je file vers Tucuman pour arriver avant la fermeture du magasin d'Horacio, annoncée à 21.30, où sont stockées mes affaires à récupérer. Je me pointe à 20h ce samedi : magasin fermé ! Je dois attendre la réouverture du lundi ! Annuler le bus qui devait m'amener le soir même a Rafaela chez Analia et Fernando chez qui j'avais débuté le séjour 4 mois plus tôt. Adieu l'asado (le barbecue) dominical ! Et je vais devoir rejoindre Buenos Aires au dernier moment, pour l'avion... Bien que reportant mon départ en bus pour Rafaela, je dois aller au terminal où j'ai rendez-vous avec un acheteur potentiel pour ma remorque - car elle plaît, ma remorque et, si je n'en avais eu besoin pour boucler mon trajet, j'aurais pu la revendre plus tôt -. Il n'apparaîtra pas...

Pour couronner le tout, le bras perfusé à Cafayate devient douloureux et gonflé. Au moment de prendre la direction de Rafaela, je peux à peine m'en servir ! Tout cela rentre dans l'ordre à Rafaela où Analia me réserve à nouveau un accueil très chaleureux (Fernando fait un remplacement en Martinique pour un mois : le moment idéal pour aller en Martinique !). Mais, décidément, cette dernière longueur aura été bien chaotique !

photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/QuebradaDeLasConchasBenoit#

bpol@voila.fr

Chili - Argentine : le retour par le paso de Jama


Je n'ai pas vraiment envie d'escalader à nouveau les fameux 40 km / 2000 m initiaux du paso de Jama. Une fois, c'est suffisant pour assurer la validité de ma traversée cycliste retour du Chili vers l'Argentine ! Ayant compris comment fonctionnait la circulation et l'"économie" du stop vers le paso de Jama, je suis au poste de douane de San Pedro de Atacama à 7h45', un 1/4 heure avant l'ouverture. Comme prévu, il y a la queue. Sachant que les camionneurs et les automobilistes ont peur d'être mêlés à de la contrebande et autres illégalités et, pour cela, n'aiment pas prendre des auto-stoppeurs jusqu'en Argentine, j'exhibe mon vélo et le besoin que j'ai de me faire transporter sur juste les 40 premiers kilomètres. Rapidement, Jesus (je rappelle aux incultes qu'on prononce "raizousse"), un camionneur péruvien, accepte de me prendre. Il fait partie d'un groupe de 4 camions et 2 voitures suiveuses allant à Buenos Aires charger des structures pour des mines au Pérou. Il me demande de transmettre son bonjour à une Française avec qui il était en contact épistolaire il y a bien longtemps, et m'explique qu'il plaît aux femmes et aime les femmes distinguées. Il les rencontre à l'église ! Et elles succombent à ses talents de cuisinier et de danseur. Il alterne périodes de travail dans l'entreprise de son frère et voyages. Il me propose de visiter l'Amérique du sud en camion avec lui un jour : why not ?!! C'est à regret que je quitte Jesus, après 45', au niveau de l'embranchement vers la Bolivie : j'aurais pu traverser le paso de Jama dans la journée en son agréable compagnie, et même arriver à Buenos Aires le lendemain !! Il fait des miracles Jesus !

Quelques kilomètres à descendre, et remonter ensuite, jusqu'au poste de frontière bolivien où j'ai laissé mon chargement à la garde des douaniers. A peine sur mon vélo, je croise un couple de jeunes cyclistes hollandais qui sort de la traversée du sud Lipez (dont je n'ai même pas osé tenter une étape à vélo). 11 jours depuis Uyuni et, visiblement, des galères, mais le plaisir de l'avoir fait.

Je reconstitue mon chargement, affaires laissées au poste bolivien et provisions ramenées de San Pedro de Atacama, et c'est parti pour ces quelques centaines de kilomètres retour. Mais ça fait du bien de penser que j'attaque déjà à plus de 4300 m d'altitude. Et je découvre avec bonheur un fort vent arrière : ça roule tout seul. Le seul souci, c'est à l'heure de monter le camp : ça décoiffe vraiment et aucun abri dans ces espaces désertiques. Heureusement, un point de vue aménagé face à un salar me fournit un bout de mur salvateur. Le vent continue à me pousser le lendemain et je passe dès midi le poste frontière - adieu, le Chili ! - et m'enfonce en terre argentine. Même problématique le soir : comment échapper au vent ? Un talus me fournira un abri suffisant. Première localité le lendemain à midi, Susques, où je renoue avec les petits menus de midi, les pieds sous la table. Et le vent d'ouest qui me pousse toujours. Sauf que... en abordant la grande plaine de Salinas grandes, le plus grand salar argentin, il devient franchement de côté, et même un peu contraire. J'espère qu'il montrera de meilleures intentions le lendemain matin et stoppe pour la nuit près d'un groupe de maisons où une ruine me permet de cuisiner et monter ma tente à l'abri. Et d'avoir la compagnie des 2 familles, 2 frères, qui habitent là avec leurs lamas.

Un pique-nique sur le salar de Salinas grandes et j'aborde la dernière difficulté sérieuse du parcours avec une montée de 700 m. Le vent est maintenant définitivement orienté de face, et ce sont plusieurs heures à pousser les pédales pour atteindre l'abra de Potrerillos. Le soleil décline sérieusement quand je m'engage dans les 2000 m de descente exaltante de la cuesta de Lipan. Je regrette de passer si tard dans ce somptueux décor de conglomérat sculpté, déjà à l'ombre sous un ciel couvert. Purmamarca : 3 mois plus tard, me voici revenu en terrain connu, au pays des couleurs. Suite à cette traversée éclair du paso de Jama où j'ai mis 2 jours de moins qu'envisagé, je décide de m'octroyer une journée de repos, mais une journée de repos "à la Laurent", en reprenant le vélo pour remonter la cuesta de Lipan et m'offrir une deuxième fois la descente, sous le soleil, cette fois. Et là, le vent d'est me va bien, pour me propulser au sommet en 4 heures, et filer dans cette descente vent de face, presque sans utiliser les freins.

Encore de la descente pour rejoindre Jujuy, avant Salta. Mais à Yala, 15 km avant Jujuy, je rencontre 2 Français, Jean-Pierre et Yves, qui rénovent un restaurant et installent quelques bungalows, pour y démarrer une nouvelle étape de leur existence. Et, au lieu de poursuivre ma route, me voici parti explorer des lacs d'altitude voisins, passer la soirée en leur compagnie - merci à Yves, cuisinier attitré - et la nuit dans un de leurs bungalows. Le lendemain, il pleut - j'avais quasiment oublié qu'il pouvait pleuvoir - et je renonce à une boucle par les lacs d'altitude et les thermes de Reyes voisins, pour me consacrer au récit de mes aventures réclamés par mes nombreux fans, et en panne depuis plusieurs semaines - merci pour le prêt de votre équipement informatique, les amis ! - et ce n'est que le surlendemain que je fais l'effort de m'extraire du confort douillet de l'accueil de Jean-Pierre et Yves. Bonne chance à "la bohème", leur petit hôtel-restaurant !

A peine plus de 2 heures sur la selle et je suis au camping d'El Carmen (déjà pratiqué à l'aller !). Mais, ce soir, c'est festival folkorique au camping, et fermé aux campeurs ! Je décide donc de faire concert, sans bien savoir où je planterai la tente. Soirée où défilent des groupes, alors que la pluie plombe l'ambiance pendant un bon moment. La "doma", un rodéo à la mode argentine, est écourtée pour cause de terrain glissant. Finalement, à 4h du matin, aux derniers accords du concerts, je plante la tente dans l'enceinte du concert, dans le camping quoi !

Encore une petite étape jusque Salta, agrémentée d'un agréable déjeuner dominical dans une auberge au bord d'un lac, au milieu des Saltenos de sortie. Et voilà la boucle entamée il y a un mois au même endroit bouclée !

photo sur :http://picasaweb.google.com/Benicano/PasoDeJamaBenoit#

bpol@voila.fr

Bolivie - sud Lipez


Sur la route du retour vers l'Argentine se branche, 40 km après San Pedro de Atacama et 2000 m plus haut, un accès au sud de la Bolivie, à la région du sud Lipez, très visitée par les tours en jeep depuis Uyuni et Tupiza en Bolivie, ou San Pedro de Atacama. L'occasion, pour moi, d'y aller en vélo au prix d'un petit détour. Mais les administrations sont plus tordues que les routes : les formalités douanières chiliennes se font à San Pedro, autant pour rentrer au Chili depuis la Bolivie, que pour en sortir par le paso de Jama. Résultat : il me faudra redescendre (pas de problème !) puis remonter (problème !) les 40 km et 2000 m de dénivellée pour avoir les cachets chiliens sur mon passeport !

Je me pointe au poste de douane de San Pedro après le déjeuner pour tamponner mon passeport en vue de la sortie vers la Bolivie et pour chercher un pick-up pour me monter les 40 km / 2000 m : j'aurai bien l'occasion de les parcourir au vélo après ma redescente à San Pedro ; de plus, on est censé sortir du pays le jour même du coup de tampon, ce qui est quasi impossible en vélo. Las, aucune circulation vers le paso de Jama à cette heure, et des autostoppeurs qui attendent depuis un jour et demi : ça n'a pas l'air simple de se faire prendre en stop ici ! Je décide donc d'attaquer courageusement à vélo.

Un groupe de 6 cyclistes espagnols et un français arrivent à la douane depuis le paso de Sico : ils ont bouclé en 2 jours la fin du parcours que j'ai faite en 4, sans visiter la laguna Miscanti, Toconao et la quebrada de Jere, ni la laguna Chaxa sur le désert d'Atacama : à quoi ça sert de voyager comme cela ?!

La montée vers l'altiplano, visible depuis San Pedro, et que j'ai pu contempler à loisir depuis une semaine est une interminable ligne droite à peine ondulante sur un glacis peu pentu (sauf quand on le monte à vélo avec carrito et bagages). Un effort régulier et répétitif auquel je consacre 5 heures lors de cet après-midi. Arrêt avant le coucher du soleil sur le bord de la route au kilomètre 30. Ayant réussi à bricoler mon réchaud à San Pedro en remplaçant le piston de la pompe par un joint de plomberie mis à la dimension avec du papier de verre - ce n'est pas parfait mais ça permet un fonctionnement -, c'est avec confiance que j'envisage la cuisson de ma soupe. Mais mon joint reste coincé au fond, traversant l'écrou qui doit le bloquer... Désespoir. Un rayon de vélo de rechange pour aller le repêcher, de l'huile pour lubrifier le joint, et ça repart : ouf ! Repas chaud et nuit agitée par le vent qui forcit.

Au matin, grosse circulation après l'ouverture du poste de douane en bas. Et fort vent de face qui a fait place au gentil vent de dos de la veille. Je temporise mais il faut se décider à y aller. 2h30 de bataille et voici enfin l'embranchement vers la Bolivie. Une piste lisse comme une patinoire jusqu'au poste de douane bolivien. Mais cela change après : des rails de graviers de belle taille... Heureusement, le refuge de la laguna verde (lac vert)n'est pas loin. Mais le doute s'installe : pourrai-je vraiment aller plus loin à vélo ?

Visite à vélo à la laguna, située à une dizaine de kilomètres, dans l'après-midi : une couleur impressionnante (hélas, les photos rendent mal cette couleur magique)! Passage par un petit bassin d'eau chaude thermale. Personne dans les parages : tranquille ! Retour par la piste qui mène à la suite de mon projet : la laguna colorada. Définitivement, non : cette piste n'est pas pour moi en vélo !

Une jeune cycliste allemande fait aussi étape au refuge. Enfin, elle voulait dormir dehors (dans un sac de bivouac car elle voyage sans tente !) mais se laisse tenter par le luxe. Elle est montée depuis San Pedro de Atacama avec 20 litres d'eau, quand je n'en portais "que" 7 (et 7 litres, c'est tout de même 7 kg !), et de la nourriture pour 7 jours quand j'en avais à peine plus que pour un ! Maso, non ? (sachant qu'on trouve un peu de ravitaillement, forcément de l'eau, et quelques petits "restos" dans ce coin de Bolivie) Mais chapeau !

De bon matin, je m'échappe en vélo vers le volcan Licancabur (5900 m : tout le monde ne dépasse pas 6000 m ! ) qui domine fièrement San Pedro de Atacama, mais qui se grimpe par le côté opposé, depuis la laguna verde. On est censé le faire avec un guide, ce que ne m'a pas formellement dit le bureau du parc national, alors que c'est un sentier de randonnée très accessible. Encore une sorte d'arnaque à touristes qui doivent débourser 60 US$ pour un transport de 2 x 15 km en jeep et 40 $ pour le guide. Rien de tout cela pour moi, mais 1h30' d'approche en vélo, et 45' d'errance pour avoir mal compris où était le sentier de montée. J'ai à peine attaqué que descendent 2 Québécois avec leur guide agressif à mon endroit. Ils ont attaqué à 3h30 du matin ! Quant à moi, je suis bien content de monter de jour car la laguna verde est sublime. Je ne peux m'arrêter de l'admirer au long de cette montée en belvédère. Un petit lac d'un vert profond au fond du petit cratère sommital, dont je fais le tour pour apercevoir San Pedro de Atacama et toute la montée initiale du paso de Jama que j'ai domptée la veille et l'avant-veille. Reflets brillants en direction du plateau des téléscopes du projet Alma.

Le soir, le groupe de cyclistes espagnol est arrivé au refuge, monté en un jour ! Après un seul jour passé à San Pedro de Atacama, quand j'y suis resté une semaine !

Il y a aussi 3 Ukrainiens qui font de la photo en vue d'une expo dans leur pays. Ils ont chartérisé une jeep, avec chauffeur, cuisinière et traductrice. Le lendemain matin, ils acceptent de m'emmener à la laguna colorada. Cela plait bien aussi à leur chauffeur qui me reconnait : il m'avait vu à Coquesa, au bord du salar d'Uyuni, 2 mois plus tôt ! En 2 heures, et après un bon bain dans le bassin d'eau chaude du salar de Chalviri, me voici posé au bord de la laguna colorada, seul alors que les Ukrainiens poursuivent leur route. Je me dis que c'est un privilège de pouvoir prendre le temps de goûter cette nature où les tours passent si vite. Et je pense, comme il m'arrive souvent, à ceux qui travaillent en France, font des rapports, des réunions... alors que j'observe les flamands roses à la jumelle. La laguna colorada n'a pas la couleur rouge annoncée mais cela devrait venir dans l'après-midi. J'ai quelques heures pour parcourir 5 km vers un point de vue et pique-niquer. J'y arrive tranquillement en même temps qu'une jeep : c'est le groupe de cyclistes espagnols. Les nuages ont envahi le ciel et la laguna colorada, que les Boliviens présentent pour l'élection à la liste des 7 nouvelles merveilles naturelles du monde (http://www.new7wonders.com/), n'est toujours pas rouge. Le vent se lève et je demande aux Espagnols de me déposer au refuge de la laguna colorada où je veux passer la nuit ; je joue gros : je ne sais pas comment je rentrerai à la laguna verde et je pourrais y aller avec eux en un rien de temps, mais j'ai décidé de prendre mon temps. Ils filent ; ils m'ont dépassé dans leur périple !

Le refuge est, en fait, une multitude de refuges qui se présentent comme des casernements militaires : pas bucolique. Les 4x4 arrivent les uns après les autres, peuplant ces casernements. Je cherche qui pourrait me ramener à la laguna verde le lendemain, mais tout le monde affiche complet, ou va dans la direction opposée. Au bout d'un moment, je ne sais plus à qui j'ai déjà demandé... Je comprends que la seule solution sera d'être sur le pied de guerre au moment du départ le lendemain, entre 4 et 5 h du matin, pour sauter sur une occasion.

Le ciel s'est dégagé en fin d'après-midi et je voudrais retourner voir si la laguna a pris les couleurs vantées sur les dépliants touristiques. Mais aucun 4x4 ne retourne vers le point de vue situé à 7 km. Les groupes prennent leur goûter. Je décide d'y aller tout de même, à pied, en petites foulées car je n'ai que 2 heures avant le dîner. Pubalgie assurée pour le lendemain, mais la laguna colorada... Effort peu récompensé : la laguna colorada n'est toujours pas - ou plus, car il commence à être tard - rouge. Inattendu : pas du pubalgie le lendemain : serais-je guéri ?!

Je suis à l'heure au dîner, que j'ai eu du mal à trouver : la plupart des groupes viennent avec leur cuisinière et les refuges ne font pas restaurant. Une exception, toutefois, me permet de trouver une cuisinière. Pas question, cependant, de me mélanger avec un groupe, même si je mange la même chose : je devrai manger à la cuisine ! Le voyageur indépendant est ici une sorte de paria ! Manger la même chose ? Pas tout à fait : la portion de pasta était énorme et délicieuse mais je me fais tout de même chauffer une de mes soupes. Et quand les plats des groupes reviennent, je m'offre une deuxième ration : le 4x4, ça creuse moins que le vélo et la marche ! Un demi Euro pour cela, ça reste dans mon budget !

Par contre, on a failli me faire payer les 3 lits de la chambre car les groupes réservent des chambres entières. Et il n'était pas question de me faire partager une chambre avec un groupe ! Mais un seul bon lit me suffit d'autant que la nuit est courte : j'ai mis le réveil à 3h30 pour traquer les 4x4 sur le départ dès 4h. Recherche dans la nuit des lumières qui s'allument, des 4x4 qu'on charge, des moteurs qui chauffent. Quelques pistes, des Français qui m'aident. Quand le groupe est d'accord, il faut demander au chauffeur ; quand le chauffeur est d'accord, il faut demander au groupe. Finalement, je suis adopté et saute sur une banquette arrière : sauvé de la laguna colorada !

Le passage au geyser Sol de manana est un peu insipide : un puissant jet de vapeur à un endroit et une grosse marmite bouillonnante à un autre. Il y a bien là une attraction mais, dans la nuit, soit disant pour mieux voir la vapeur, on ne voit pas grand chose. Et tous ces 4x4 qui débarquent leur flot de photographes amateurs... La piscine thermale goûtée la veille est toujours aussi bonne, bien que désormais surpeuplée. Petit-déjeuner au soleil à l'arrière des 4x4. L'arrêt à la laguna verde est insuportable : à cette heure-là, elle n'a pas encore sa couleur verte et je souffre pour ces touristes qui ont fait tout ce chemin pour arriver là et ne voient rien de ses merveilles ! Pas plus d'un quart d'heure plus tard, on rembarque en direction de mon refuge où je retrouve vélo, carrito et bagages. J'ai fait la laguna colorada... en "tour" !

A midi, je repasse le poste de douane bolivien où les douaniers acceptent de me garder carrito et bagages : je ne descendrai qu'avec le minimum de bagages à San Pedro pour me faciliter la recherche d'un véhicule pour remonter, ou pour remonter à vélo plus léger, si nécessaire. 40 km de pure descente (2000 m de descente !) sans toucher aux freins. La plongée dans le désert d'Atacama avec la température qui monte. Un bon petit restau à l'arrivée en ville. C'est bon !

Récupération des provisions laissées à mon camping en bas, mais installation dans un petit hôtel car j'ai laissé le matériel de camping à la douane, en haut. Nouvelles courses en prévision de la traversée du paso de Jama. Puis, le lendemain, trekking dans la vallée de la lune : canyons, dunes... Toujours extraordinaire ! Bon restau pour finir !

Un intermède de vacances avant le gros morceau du retour en Argentine par le paso de Jama !

photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/BolivieSudLipezBenoit#

bpol@voila.fr

vendredi 6 février 2009

San Pedro de Atacama


A San Pedro, c'est une autre vie qui commence. Celle des bons restaurants, et des excursions dans le très riche environnement : les ambiances incroyables de la vallée de la lune où alternent canyons avec passages souterrains et pas d'escalades équipés, et paysages dunaires ; la vallée de la mort, dunaire ; la laguna Ceja, salée, où l'on flotte sans effort ; les ojos du salar, deux cercles jumeaux parfaits où l'on se dessale après la laguna Ceja ; la vallée verdoyante de Katarpe et sa garganta del diablo, un petit joyau de canyon que l'on parcourt à vélo !; les restes du village antique de Tulor et le pukara (village fortifié) de Quitor ; le musée archéologique de San Pedro... Tout cela est merveilleusement adapté au vélo avec des distances raisonnables. Et le retour à San Pedro, avec ses restaurants aux petits menus craquants, est toujours une récompense !

L'excursion aux geysers du Tatio, à 100km de là, est un objectif plus ambitieux à vélo, que j'avais envisagé. Mais la collection de petites excursions aux alentours de San Pedro est plus attrayante et j'ai fait connaissance avec des touristes de Santiago, montés au nord pour le "Paris - Dakar" (désolé, mais je suis arrivé en retard pour vous ramener des photos), qui vont y aller en voiture. Je leur conseille même de ne pas revenir sur San Pedro mais de redescendre directement vers Calama, sur leur route du retour à Santiago. Nous sommes donc à l'aube dans le parc géothermique du Tatio où j'avoue que j'aurais aimé rester plus longtemps, et après le départ des tours, qui viennent tous à la même heure, pour prendre le temps de ressentir les forces souterraines de la terre. Mais mes amis sont aussi pressés qu'un tour... Et à 11.00, nous sommes déjà à Calama, avant l'heure limite d'inscription pour la visite de la mine de cuivre de Chuquiquamata, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde, que je pensais ne pouvoir visiter que le lendemain.
Après les forces de la nature le matin, me voici face aux forces humaines en action l'après midi : un trou de 5 km sur 3, et près de 1000 m de profondeur, des camions mastodontes... Une horreur si ce n'était un désert de pierre, comme tout ce pan du Chili dont la beauté n'est que très sauvage. On se console donc... Non sans se demander ce qui se passera quand l'homme aura épuisé les réserves de la terre qu'il a entrepris d'exploiter systématiquement depuis 200 ans à un rythme qui ne mènera pas loin. A Chuquiquamata, on arrive bientôt au fond du trou, dont la surface est maintenant fort réduite, et on va retraiter avec les nouvelles techniques les déchets remontés à la surface depuis le début de l'exploitation...
Passage sur Internet, courses, et retour en soirée vers San Pedro : une boucle rondement menée dans la journée, et plus vite que la semaine qu'il aurait fallu en vélo !

San Pedro est l'endroit le plus sec du monde, dit-on. 25 mm d'eau par an, même si, partout, dans les vallées, les canyons, les traces d'anciennes rivières sont patentes. Coup de chance, phénomène rare : une averse d'une heure au cours de mon séjour. Probablement plus de 10% des précipitations de l'année !

Il ne me reste quasiment plus que l'excursion dans le sud Lipez, en Bolivie, pour avoir coché la liste d'excursions que les touristes font en tours. Partant tous à la même heure pour passer un temps minimum à chaque endroit, permettant de faire la photo témoin, mais pas d'aller découvrir les trésors plus cachés ni s'imprégner de l'esprit des lieux. Quel bonheur d'avoir échappé à toute cette agitation des tours !

photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/SanPedroDeAtacamaBenoit#

bpol@voila.fr

de l'Argentine (Salta) au Chili (San Pedro de Atacama) par le paso de Sico


Au moment de repartir, après la pause de fin d'année, sans Laurent, qui fait la carretera austral (extrême sud Chili)de son côté (ses récits sur raidnature46.free.fr), je mesure tout ce qu'il a apporté à la virée que nous avons faite en commun : son étude des parcours, découpage des étapes, l'abri qu'il m'a toujours procuré dans le vent, les provisions et souvent la cuisine, le mini-ordinateur pour gérer les photos... Merci Laurent de m'avoir initié au voyage à vélo ! Et maintenant, il faut que je me débrouille tout seul !

Alors que je quitte Salta dans la verdure, je me demande un peu pourquoi je repars vers les hautes altitudes où, d'ici quelques heures, la végétation sera si rare. Les arbres, les oiseaux, l'herbe : tout m'est enchantement ! Mon objectif du mois à venir est une boucle : traversée des Andes vers l'ouest, par le paso (col) de Sico, pour rejoindre San Pedro de Atacama, au Chili, avant de retraverser vers l'est par le paso de Jama, en faisant un crochet au sud Lipez, en Bolivie.

La première partie de la traversée du paso de Sico suit l'itinéraire du "tren a la nubes" (train des nuages), un train qui traversait les Andes jusqu'au Pacifique (au Chili) et qui n'est plus exploité touristiquement que sur une partie de son tracé argentin. D'ailleurs, parti à 15h de Salta, je passe la nuit 1000 m plus haut sur le quai d'une gare de ce train. Puis une journée entière à grimper consciencieusement dans une belle vallée : 1700 m de dénivellée, sans arriver à passer le premier col. Abra blanca, à 4080 m, ce sera pour le matin du 3ème jour. Après une courte descente, j'arrive à midi au pied d'Abra el Acay, donné, sur ma carte, pour le plus haut col d'Amérique du sud, à 4895 m. L'occasion, après avoir dételé mon carrito (remorque) d'aller épingler un record (et que c'est bon d'excursionner léger, sans bagages !). 48 heures après ce nouveau départ, me voici 3800 m plus haut (en ayant grimpé 4000 m) ! Pas mort, papi ! Mais l'asphalte, c'est désormais fini, et c'est parti pour 280 km de pistes (plus les 60 d'Abra el Acay) : je suis maso : j'avais décrété que la piste, ce n'était plus possible avec mon carrito ! A San Antonio de los Cobres, je m'offre une grasse matinée (méritée après les dénivellées engrangées) : résultat impossible de rejoindre l'étape suivante après 750 m d'ascension de col pour franchir l'Alto Chorrillo (4560 m). Car la traversée des Andes, ce n'est pas un col mais une succession de cols séparés par des vallées longitudinales souvent hôtes d'un salar ou d'un lac (laguna). Je cherche de l'eau auprès d'une maison isolée : c'est la rivière qui est la source d'eau courante. Et on me propose de planter ma tente devant la maison. Des conditions de vie basiques avec une pièce commune chambre / cuisine. Des lamas de compagnie qui s'installent dans cette même pièce. Un poêle "à bois" : il n'y a pas de bois dans les parages, mais des buissons. Mais il marche mieux que mon poêle à pétrole acheté récemment en Bolivie, ce poêle à bois, et il me sauve mon dîner !

Olacapato, atteint le lendemain à midi, fait un bon point de ravitaillement, même si ce n'est pas forcément l'endroit où l'on aimerait passer sa vie. De là, et pendant 24 heures, je ne verrai pas un seul véhicule sur la piste ! Celle de l'après-midi n'est pas roulante et le vent, jusqu'ici clément, vient freiner de 3/4 face. C'est du vélo de combat. Je n'arriverai pas à finir l'étape non plus ce jour : camping ce soir encore, dans un décaissement abrité du vent, bien que le poste frontière argentin ne semble plus loin : je crois l'avoir aperçu. Mon réchaud ne daigne pas démarrer. Et après différentes tentatives, il ne reste plus que 2 options : manger froid ou reprendre la route. A 21.00, tout bagage remballé, je remonte sur le vélo dans la nuit. Objectif : une lumière devant, qui indique une présence humaine (et une gazinière !). La lune se lève un quart d'heure plus tard, facilitant le choix de la trace sur la piste. La lumière disparait, instillant le doute, pour réapparaître une heure plus tard, le mouvement de terrain franchi. Et à 22.30 passées, les douaniers sont un peu surpris de voir débarquer un fantôme ! Une kitchenette vers les casernements des jeunes carabiniers affectés à ce fort du désert des tartares, un bout de carrelage pour poser l'autogonflant : une bonne soirée et une bonne nuit assurées !

Le paso de Sico lui-même ne ressemble pas à un col, mais grand faux plat décoré de panneaux frontaliers. Et c'est le col suivant, à 4415 m, 600 m plus haut que la douane argentine, qui est l'effort de la journée. De belles couleurs, un vent clément, un réchaud qui marche miraculeusement à midi (il marche toujours mieux à midi !), et c'est une avancée agréable. Une petite descente, et apparaît le poste de douane chilien au milieu d'une courte montée. Mais le vent de face s'est levé et la montée est raide. Une bagatelle sans vent et sans bagages, cette côte devient un obstacle féroce. Je suis quasi planté. Les douaniers chiliens viennent à ma rencontre en pick up et me proposent de me monter au poste de douane. On dira peut-être que je n'ai pas fait le paso de Sico entier, mais j'obtempère à l'autorité publique ! En une minute me voici à la douane : miraculeux ! Formalités. Puis un douanier me propose un bout de viande, reste d'un asado de la veille. Enorme ! Je n'en veux que la moitié. Mais ce que je ne prends pas ira à la poubelle. Argument majeur : je prends tout ! On remonte en voiture pour 2-3 km et me voici déposé au col, au départ de quelques km de descente vers un campement minier où les cyclistes ont l'habitude d'être accueillis. Tout est gratuit : le matelas dans le bungalow pour la nuit, et le dîner et le petit-déjeuner ! Merci à la société minière pour le coucher et la douche, et à Sodexo pour la restauration (excellente : qualité française !). Le gardien, d'une société sous-traitante, touche le pourboire pour le coucher ; le cuisinier pour les repas. Et voilà une jolie petite organisation !

Beaux spectacles de la lagune Tuyaito et du salar de aguas calientes le lendemain. Et goinfrage d'asado toute la journée ! Insuffisant toutefois pour consommer le morceau en un jour comme me le conseillaient les douaniers et le cuistot Sodexo... Le réchaud qui marche à midi, toujours. Et dans l'après-midi, un miracle : en ce 13 janvier, et pour la première fois depuis que nous sommes partis, 3 mois plus tôt, un avion passe dans le ciel ! Plus loin, grosse circulation automobile vers une petite route qui monte : je suis visiblement arrivé quelque part ! J'aurais eu du mal à finir l'étape vers la localité suivante et je ne peux râter cette première attraction dans l'orbite de San Pedro de Atacama, la lagune Miscanti, et sa voisine, Miniques. Je m'arrête donc pour un bivouac au carrefour. Arrive une voiture que j'avais renseignée dans l'après-midi et qui me demande si je ne veux pas être transporté quelque part : je pourrais être le soir même à San Pedro de Atacama, mais ce n'est pas mon genre ! Je demande une bouteille d'eau pour le bivouac. Et c'est repas froid, cette fois : on n'est pas à midi ! (en fait, c'est la pompe qui met en pression le pétrole, qui ne fonctionne pas. On peut penser qu'à midi, sous l'effet de la chaleur, la bouteille se met en pression toute seule...) Mais, avec l'asado des douaniers, ça régale tout de même ! Et, victoire ! J'arrive au bout de mon monceau de viande !

350 m et 7 km à grimper au petit matin pour arriver le premier, avant tous les tours, à la lagune. Je sais qu'il y a un refuge là-haut et ai pris mon thé pour me l'y chauffer puisque mon réchaud... Le chauffeur d'un "tour" m'offre du pain. Plus tard, un autre m'invitera au déjeuner de midi ! Ce n'est pas mal les tours ! Descente vers le désert d'Atacama dans l'après-midi. A Socaire, retrouvailles avec l'asphalte : toujours un moment d'émotion où l'on fait son retour au monde. Plongée dans le gris et la chaleur. Que de la pierraille : une ambiance bizarre ! Dans ce monde plombé, quelques traces de blanc des salars, et quelques oasis, refuges de la vie. A Toconao, nichée derrière le village, la quebrada de Jere est un petit paradis d'oasis. Une vallée verdoyante, fermée par un petit canyon, regorgeant d'arbres fruitiers et de plantations. Je loue un de ces petits jardins qui sera mon camping privé pour 2 nuits au paradis. Il y a du bois mort pour se faire un peu de feu (et des restos en ville !): pas de problème de réchaud !

Une journée de visite à la laguna Chaxa, à 25 km, pour voir un des visages du désert d'Atacama, celui du sel (pas lisse comme à Uyuni mais terriblement "inflorescent" (?)), de l'eau, et des flamands roses. Et puis les derniers kilomètres pour San Pedro. Au passage, la route d'accés au projet ALMA : 60 télescopes qui doivent être installés sur un plateau à plus de 5000 m d'altitude. Ca y est, la paso de Sico est définitivement franchi au bout de 9 jours (dont 2 de visites et autres diversions) !


photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/PasoDeSicoBenoit#

bpol@voila.fr

mardi 30 décembre 2008

Noël ! ... et autres coutumes


Vu que j'ai un peu posé le vélo, il faut que je trouve quelques autres histoires à raconter !

Noël ! De retour à Oruro (quelques photos supplémentaires à : http://picasaweb.google.com/Benicano/OruroBenoit# ), quelques arbres de Noël sont de sortie dans les magasins avec leurs guirlandes qui clignotent. Ca reste très raisonnable. La municipalité non plus ne fait pas de folie : seule la place centrale est décorée. Même chose à Potosi. Et tout cela n'est installé qu'une semaine avant Noël. Est-ce à dire que Noël passe inaperçu ? Non, mais ça se passe ailleurs. Au marché de Noël. Le marché de Noël, ce ne sont pas de charmants petits chalets en bois où l'on vend quelques décorations et du vin chaud. Le marché de Noël, c'est un marché bien local où se fait (presque) tout le commerce de Noël. Les emplacements sont microbiques (1.50 m pour un emplacement simple), collés les uns aux autres. Chacun installe une structure métallique rudimentaire couverte par une bâche. Et il y en a comme cela des centaines. Des milliers dans certaines villes comme à Cochabamba : 5000. Peut-être 2000 à Oruro. Certains vendent de la nourriture : les panettones qui constituent la brioche de Noël, le cidre qui, dans sa bouteille façon champagne, semble être la boisson de circonstance, et autres gâteries. D'autres des jouets ; d'autres des décorations lumineuses, ou des personnages de crèche. Beaucoup de répétition évidemment dans cette débauche de stands. D'où sortent tous ces commerçants de Noël ? Où s'approvisionnent-ils tous ? Il semblerait que la majorité se finance sur des crédits des banques. Que deviennent les invendus ? Une économie bien étrange. Qui ne démarre qu'une semaine avant Noël mais qui cherche à saisir le dernier instant : tout cela reste ouvert tard la nuit de Noël.
A Potosi, ce n'est pas le père Noël qui nous attend le 24 au soir sur la grand place, mais les mineurs en grève. Pétards...

Vu à la sortie de la messe de minuit à Potosi : les fidèles font bénir le petit Jésus de leur crèche qu'ils ont amené dans un petit panier en général tres soigné.

Quelques beaux concerts à l'occasion de Noël : l'occasion de parler du quart d'heure bolivien ! Un concert de jeunes : durée 45 minutes ; retard à l'allumage : 45 minutes. Le lendemain, un méga-concert avec abondance de formations : durée 3-4 heures ; retard à l'allumage : inconnu ! Au bout d'une heure et demi d'attente, je suis sorti dîner ! Une demi-heure plus tard, à mon retour, le concert avait commencé. Avec encore un beau concert d'épiphanie à Salta ( qui s'est terminé à 2h30 du matin, et heureusement que j'avais changé d'heure dans la journée : il aurait été 3h30 à Tucuman !) présentant quantité de groupes. Le lendemain, une crèche vivante qui est en fait un véritable spectacle son et lumières sur un pan de montagne. Si j'ajoute la fin d'un concert de variétés et un spectacle de magie au théâtre de Potosi, j'aurai eu un beau programme de fin d'année !

Pas de trêve de Noël pour les mariages. Et le samedi, ça défile. Je n'ai pas suivi de mariage pour raconter la messe, la réception... Mais il y a une partie visible bien étrange. A Potosi, dans une tour sur une butte face à la ville se trouve un restaurant panoramique. Mauvaise idée que d'y aller un samedi soir : alors que j'attaque la grimpette, des voitures de mariés défilent, casserolle attachée à l'arrière, vers mon restaurant : il aura probablement été réservé pour une soirée. En fait, il n'en est rien. Le lieu semble juste être un point de passage obligé. Le couple de mariés, impeccablement habillé et couvert de confettis, s'y rend en duo, accompagné de son reporter vidéo. Dans l'ambiance glauque de néons, ils s'installent dans un tête à tête silencieux et commandent genre une bouteille de coca cola et un sandwich (en tous cas, une addition moitié moindre que la mienne pour eux deux !). Le cameraman se tient à peu de distance et finit par les rejoindre pour rompre le terrible face à face. La séance se termine par un tour filmé du noyau central de la tour (cuisine, toilettes, ascenseur) qui ressemblerait plus à un défilé funéraire qu'autre chose. Toutes les 10 minutes un couple arrive avec son reporter et reproduit le rituel immuable sous l'oeil indifférent des couples arrivés plus tôt. Très étonnant ! A Potosi, c'est dans la rue que les mariés effectuent leur petit défilé empreint d'un ennui infini.

Allez, rien à voir, pour terminer. Les règles de circulation en ville. Apparemment, il n'y a pas de règle de priorité en Bolivie. Chaque véhicule se pointant à un carrefour klaxonne et... passe. Sauf si bien-sûr, ils sont deux à se présenter en même temps, auquel cas, c'est la plus décidé qui passe. Un jeu d'intox assez excitant ! Il faut tout de même dire qu'en général toutes les rues sont à sens unique (en alternant à chaque rue), ce qui n'oblige à guetter qu'une seule direction pour le freinage d'urgence.

Quant au ciel, depuis que nous avons démarré notre pédalée à Tucuman, nous n'avons pas vu un seul avion dans le ciel (qu'il soit bolivien, argentin ou chilien) ! Essayez de passer la tête dehors de chez vous, en France (oui, je sais, il fait un peu froid...), et de voir combien de temps avant de voir un avion ?!!

C'était quelques histoires de Bolivie !

Je ne vais pas raconter Potosi, ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Mais vous diriger vers les quelques photos à aller voir sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/PotosiBenoit#

bpol@voila.fr