Voici la Bolivie tant redoutée ! Les douaniers sont relaxes. Les routiers nous saluent démonstrativement. La piste est bonne. Finalement, c’est cool, la Bolivie. Laurent voulait prendre un itinéraire bis, annoncé très sablonneux : une route qui circule dans un rio. Je réussis à l’en dissuader. Au moment où le soleil descend sur l’horizon, des cyclistes très locaux – l’un d’entre eux transporte un long fer à béton – nous disent que nous pourrons nous faire loger à l’école de leur village. La directrice nous ouvre la porte de la classe à une condition : que nous soyions partis à 5 heures (du matin !) pour qu’elle puisse fermer la porte alors qu’elle doit prendre un bus… Nous acceptons malgré tout (et à 5 heures, il fait jour). Ses enfants viennent nous rendre visite dans la classe. Echanges joyeux autour des panneaux affichés dans la classe, de notre réchaud à pétrole qui les intéresse, de nos appareils photos… Sympas et pas collants, ces enfants ! Dans l’autre salle de l’école, réunion de la communauté. Nous revoyons nos cyclistes locaux. Nous les amusons en amenant de notre salle de classe les chaises qui leur manquent…
Lever à l’aurore, mais la directrice a dû prendre confiance : elle ne nous met pas à la porte quand elle part à 5 h. Nous attaquons le matin par une belle descente où nous croisons la ligne de chemin de fer qui fait des épingles. Mais, catastrophe, un peu plus loin : mon deuxième axe de roue de remorque casse à son tour ! Je regrette amèrement l’axe de rechange que n’a pas pu me faire le tourneur de la Quiaca. J’attends à peine un quart d’heure sur cette route où passent très peu de véhicules pour qu’un pick up m’embarque. Un responsable de chantier routier qui va à Tupiza acheter de la dynamite. Il s’arrête en route pour faire des photos au niveau d’un étroit où la route passe en tunnel. Sympa. Aussitôt arrivé à Tupiza, je me mets en quête d’un tourneur . La routine, quoi ! Il invente un nouveau système d’axe, supprimant la gorge où se sont produites les 2 ruptures. Et il m’en fait 2. Me voilà donc avec deux axes neufs et un axe de rechange pour la suite. Je dirige aussi Laurent chez lui pour faire le contreventement de sa remorque qui donne les résultats escomptés. Nous voici mieux équipés que jamais.
Nous logeons dans un hôtel avec piscine et des glycines ( ?!!) devant nôtre fenêtre. Tupiza est dans un environnement magnifique de montagnes colorées. Nous faisons notamment une randonnée canyoning : remontée d’un canyon, passage d’un col, redescente dans un autre canyon. Pas besoin de corde mais plusieurs escalades/desescalades sur cet itinéraire très esthétique. Une soirée de chansons et danses sur le parvis de l’église en l’honneur de la Vierge locale (Virgen de remedios).
Encore de très beaux paysages, genre monument valley, en quittant Tupiza. Notre volonté de faire moins de photos (et d’en mettre moins sur Internet !) ploie… Des Français rencontrés à Tupiza qui ont importé d’Isère, un Mercedes Vito camping-carisé nous doublent (un.tour.a.deux.free.fr ). La poussière s’insinue dans leur véhicule et ils souffrent sur la tôle ondulée. Au moins savent-ils où ils vont dormir. Nous attaquons une montée. Une heure, deux heures, trois heures. Nous nous attendons à atteindre le point culminant et la descente qui nous redescendra vers un lieu civilisé pour la nuit. Mais cela monte toujours. Seul le soleil descend, et les jambes se font dures. Je me décide à arrêter une voiture pour demander une bouteille d’eau, pour notre cuisine du soir (Laurent ne craint pas de porter plus d’eau, mais si je veux avancer…). Et alors que les endroits plats et abrités du vent fort ne courent pas les rues, Laurent avise une ruine. Il fait un plancher avec les planches qui l’encombrent. Diner, montage de la tente dans ce réduit. Nuit à près de 4000 m.
Le lendemain, et pour la première fois depuis le début de ce périple, je sens mes jambes. Ca tombe mal. La route continue à monter ! Puis à monter et descendre et remonter encore et encore. Comme la veille, nous ferons bien plus de 1000 m de dénivellée. Ravitaillement dans le petit magasin d’une mine au milieu de nulle part. Encore une crevaison pour moi au pied d’une côte sévère (pourquoi toujours moi ? A cause des ses pneus tubeless, me dit Laurent) en haut de laquelle Laurent m’attend avec notre pitance préférée : une soupe à la semoule de mais, suivie d’une semoule de mais à la soupe (question de proportions). Enfin, nous voilà sur un plateau, légèrement descendant même, qui va nous transporter à Atocha, prochain refuge de civilisation (restaurants, douches…). A 10 km de là, je dépasse un bus arrêté. Un pick up m’arrive dessus et freine tard. Je le sens nerveux. Alors que je commence à me rabattre, il m’écrase !! Volontairement ou pas ? Il me passe sur la roue de la remorque et je me retrouve à terre. Je découvre après coup qu’il a démolli mon porte-bagages et déboité ma selle. Avec quelques égratignures au bras, je m’en sors à bon compte. Le fautif s’est mué en fuyard. Je monte avec mon chargement dans le bus arrêté, dont le chauffeur a tout vu. A Atocha, je l’enlève pour une déposition à la police. J’ai pu relever le numéro de plaque de l’agresseur. Sait-on jamais.. ?
Atocha n’est pas touristique. Les logements sont limite insalubres. On s’électrocute en prenant des douches (chauffage électrique à la pomme de douche, répandu en Bolivie). Une serveuse de restaurant dont nous n’arrivons pas à comprendre ce qu’elle peut nous offrir pour le dîner se réfugie derrière son comptoir en regardant la télé. Allons voir ailleurs ! Peu d’espoir de réparer ma roue à Atocha, et la perspective d’une piste difficile pour Uyuni : nous optons pour le bus. Places panoramiques au-dessus du chauffeur. Idéal pour admirer les (encore) très belles formations rocheuses, mais aussi le sable, les dunes, qui font leur apparition, et qui auraient certainement été une épreuve à traverser en bicyclette (même si certains le font). C’est bon, le bus ! Et nous voilà déjà à Uyuni, haut-lieu touristique.
Malheureusement, comme trop souvent aux étapes, mon menu n’est pas à la flânerie et la visite de musées mais entretien de mon matériel. Il y a beaucoup de charrettes à bras avec des roues du même diamètre que celles de ma remorque dans tous ces pays. Je m’attends à pouvoir facilement faire un échange standard. Malheureusement, il apparaît que le problème est plus compliqué. Après une tournée extensive de tous les vendeurs de roue, il est patent qu’aucune n’a de moyeu de la largeur du mien, et ne peut donc s’adapter sur mes axes de roues tout neufs. Reste la solution de refaire un axe de roue (je commence à connaître la musique), ou, comme le suggère Laurent, de démonter rayons et jantes d’une roue du commerce et de tout remonter sur le moyeu de ma roue détruite. Opération longue et désepérante pour un novice, qui me prend une après-midi. Mais, après un nouveau tour infructueux de tous les marchands de roue pour trouver un rayon de remplacement à un rayon dont j’ai foiré le pas de vis – je les ai tellement malmenés ! -, et en redressant finalement un rayon de ma roue détruite, la roue est enfin reconstruite. Je n’ai vu d’Uyuni que ses marchands d’articles de vélo et de bricolage, et ses restaurants aux prix « touristiques ». Et il faut déjà repartir ! Nous nous accordons cependant, avant le petit-déjeuner, un tour au cimetière de trains. Et puis, en route pour le salar !
photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/BolivieTupiza#
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