dimanche 21 décembre 2008

Parcs nationaux du nord Chili


Il y a au nord du Chili, 4 parcs nationaux, qui peut-être autrefois n'en faisaient qu'un, le long de la frontière bolivienne et qui constituent un itinéraire assez sauvage pour repartir vers le sud depuis la région de Sajama.

D'abord, nous franchissons la frontière par un col à quelques 4600 m d'altitude (notre plus haut à vélo). Que font les mouettes là ? Certes nous ne sommes plus qu'à 200 km de Pacifique, mais..? Un peu à la manière de "bienvenue chez les Chtis", nous sommes accueillis au Chili par la première averse que nous ayions à essuyer à vélo. Nous bifurquerions bien vers nos parcs dès la frontière passée, mais l'interdiction d'entrer des produits frais au Chili et nos poches vides nous obligent à aller nous installer au village de Parinacota, au milieu du parc Lauca, de l'autre côté du volcan Parinacota par rapport à Sajama, le temps de régler ces questions. Parinacota, est le Saint-Véran chilien, sans doute le village le plus haut du pays à 4400 m. Complétement désert lors de notre passage (pas plus de 10 âmes dans le village, touristes compris), mais avec un trafic de quelques bus touristiques dans la journée qui viennent acheter des souvenirs. Heureusement, il y a une bonne auberge où l'on cuit le pain au poêle à bois le matin !

Lundi, nous trouvons une voiture (celle de l'aubergiste qui va faire ses courses, et nous facture le trajet !) pour descendre à Putre, 40 km plus bas, où nous est annoncé un distributeur automatique. Nous le voyons bien, ce distributeur, mais à l'intérieur de la banque qui reste fermée : c'est le lundi 8 décembre, fête de la Vierge (immaculée conception, comme chacun sait), et c'est férié. Une journée encore à vivre à crédit. Le lendemain, plus de voiture : c'est vélo + autostop + marche pour rejoindre Putre. Sûrement 2-3 h d'effort, dans chaque sens. Je suggère à Laurent que je le laisserais bien aller seul... Journée bénie de repos, de lecture... Mais Laurent ne revient pas. A 18 h, un couple de cyclistes allemands arrive et m'informe qu'il leur a demandé de me dire qu'il ne rentrerait pas ce soir ! Le distributeur ne prenait ni les cartes Visa ni American Express. Laurent a pris, avec nos derniers Pesos chiliens, un bus pour Arica la grande ville située 150 km plus loin, au bord de l'océan ! Il ne revient que le lendemain en début d'après-midi avec argent et courses (sauf les fruits que je lui avais commandés, et le pain dont il est grand consommateur, et que je ne dédaigne pas, ce qui augure mal des menus des 4 jours de traversée des parcs à venir). Départ immédiat pour cette courte étape. Après 5 minutes, l'orage est sur nous. Laurent, qui n'aime pas l'orage s'arrête, alors que je continue tranquillement sous la grêle. En fait, depuis que nous sommes à Parinacota, il fait un temps idéal pour régler ses soucis financiers, mais inquiétant pour aller passer 4 jours en vélo : nuages, froid, orages réguliers...

Nous remontons vers la frontière en longeant le lac Chungara, censé être le plus haut du monde à 4500 m, puis embranchons sur la piste. Passage d'un col à plus de 4700 m (notre nouveau plus haut à vélo !) et quelques kilomètres plus bas, les sources chaudes qui marquent notre étape. Dans un petit bâtiment, une belle fosse qui ne demande qu'à être remplie : nous ajustons la bouche du tuyau d'alimentation qui part de la source chaude. Deux heures plus tard, nous prenons le dessert à la romaine, dans notre spa d'intérieur. Nuit à côté de notre chauffage hydraulique et re-bain le matin avant de quitter à regret cette bien sympathique étape. Il faut rouler, 80 km, avec un poste de carabiniers à mi-chemin comme seule étape. La piste est bonne mais le paysage, si ce n'est les sommets voisins joliment blanchis par les neiges des jours précédents, est plutôt sec et sans intérêt particulier. Nous traversons le parc des vigognes - mais les vigognes, on connait - , et des lieux totalement déserts. L'arrivée sur le salar de Surire met un peu de variété dans le décor. Nuit à côté de la maison du parc (du salar), seul lieu habité avec une gendarmerie, qui ouvre sa cuisine pour le dîner. Au moins le temps a-t-il été impeccable, et il le restera pendant tout le reste de cette traversée.

La piste se fait horrible le lendemain. Laurent qui avance 2 fois plus vite que moi sur la mauvaise tôle ondulée passe son temps à m'attendre en lecture. La source chaude du salar de Surire est trop chaude pour se baigner. La montée derrière est une piste redoutable qui nous ramène brièvement en Bolivie. Laurent revient sur ses pas pour me pousser dans cette montée (merci Laurent !). Un champ de mines, et le col est passé (la frontière a été minée sous Pinochet et il reste des champs de mines partout). Retour au Chili et piste toujours infernale. La moitié du kilométrage de la veille. Le vent de face forcit. Laurent a l'intuition d'un raccourci (ou des renseignements que je n'ai pas !) vers la source chaude, destination du soir. Il tombe droit dessus et le calvaire s'arrête. L'eau n'est pas assez chaude pour se baigner mais elle sera bien pour cuisiner car le carburant tire à sa fin, comme la nourriture. Nous passons, à l'abri incertain des pierres d'un parc à lamas, notre dernière nuit commune : demain, Laurent bifurquera vers l'ouest pour redescendre sur la côte chilienne en 2 jours, puis rejoindre Santiago en bus pour y retrouver sa douce pour 2 semaines de vélo dans la région des lacs. Ensuite, il compte faire la carretera austral (une route qui longe les fjords chiliens vers le grand sud sur 2000 km de pistes) en "sportif" et je conviens de ne pas l'accompagner. Je vais, quant à moi, terminer la traversée du dernier parc, celui du volcan Isluga et déboucher à la frontière bolivienne d'où je regagnerai Oruro en bus, pour un programme à inventer !

J'apprendrai que Laurent n'a pas trouvé de nourriture sur ses 180 km de descente vers la côte où le vent l'a contrarié. Plutôt hard. J'ai, moi, sitôt que nos chemins se sont séparés, la bonne surprise de trouver une petite gorge garnie d'un ruisseau riant et d'une végétation moussue d'un vert clair. Puis je la surplombe. Longtemps que le paysage n'avait pas été aussi accueillant, car cette traversée de parcs était plutôt âpre et on ne sait quels animaux et quels végétaux sont protégés ici car on n'en a pas vu beaucoup (d'humains encore moins). La piste descend, bien meilleure que la veille. Le salar de Coipasa, que Laurent avait traversé seul, m'apparaît au loin. Je rejoins le bitume, direction la Bolivie toute proche. Je râte la route principale et le poste de douane. Je commence donc par changer quelques Pesos chiliens en Bolivianos et à satisfaire mon estomac (raisins chiliens...) avant d'aller faire tamponner mon passeport. Des magasins, quelques restaurants, dans ce pays où la vie n'est pas chère : sauvé des parcs chiliens !! Quelques heures de bus et je serai revenu au luxe d'Oruro.

photos sur : http://picasaweb.google.com/Benicano/ParcsNationauxNordChili#
bpol@voila.fr

2 commentaires:

FrédéricLN a dit…

Bravo et merci pour ces nouvelles et ces images hallucinantes… Joyeux Noël et bon nouvel an andin !

Benoit a dit…

Mon meilleur commentateur blogger ! Merci Fred ! A vous aussi de bonnes fêtes