samedi 7 février 2009

Chili - Argentine : le retour par le paso de Jama


Je n'ai pas vraiment envie d'escalader à nouveau les fameux 40 km / 2000 m initiaux du paso de Jama. Une fois, c'est suffisant pour assurer la validité de ma traversée cycliste retour du Chili vers l'Argentine ! Ayant compris comment fonctionnait la circulation et l'"économie" du stop vers le paso de Jama, je suis au poste de douane de San Pedro de Atacama à 7h45', un 1/4 heure avant l'ouverture. Comme prévu, il y a la queue. Sachant que les camionneurs et les automobilistes ont peur d'être mêlés à de la contrebande et autres illégalités et, pour cela, n'aiment pas prendre des auto-stoppeurs jusqu'en Argentine, j'exhibe mon vélo et le besoin que j'ai de me faire transporter sur juste les 40 premiers kilomètres. Rapidement, Jesus (je rappelle aux incultes qu'on prononce "raizousse"), un camionneur péruvien, accepte de me prendre. Il fait partie d'un groupe de 4 camions et 2 voitures suiveuses allant à Buenos Aires charger des structures pour des mines au Pérou. Il me demande de transmettre son bonjour à une Française avec qui il était en contact épistolaire il y a bien longtemps, et m'explique qu'il plaît aux femmes et aime les femmes distinguées. Il les rencontre à l'église ! Et elles succombent à ses talents de cuisinier et de danseur. Il alterne périodes de travail dans l'entreprise de son frère et voyages. Il me propose de visiter l'Amérique du sud en camion avec lui un jour : why not ?!! C'est à regret que je quitte Jesus, après 45', au niveau de l'embranchement vers la Bolivie : j'aurais pu traverser le paso de Jama dans la journée en son agréable compagnie, et même arriver à Buenos Aires le lendemain !! Il fait des miracles Jesus !

Quelques kilomètres à descendre, et remonter ensuite, jusqu'au poste de frontière bolivien où j'ai laissé mon chargement à la garde des douaniers. A peine sur mon vélo, je croise un couple de jeunes cyclistes hollandais qui sort de la traversée du sud Lipez (dont je n'ai même pas osé tenter une étape à vélo). 11 jours depuis Uyuni et, visiblement, des galères, mais le plaisir de l'avoir fait.

Je reconstitue mon chargement, affaires laissées au poste bolivien et provisions ramenées de San Pedro de Atacama, et c'est parti pour ces quelques centaines de kilomètres retour. Mais ça fait du bien de penser que j'attaque déjà à plus de 4300 m d'altitude. Et je découvre avec bonheur un fort vent arrière : ça roule tout seul. Le seul souci, c'est à l'heure de monter le camp : ça décoiffe vraiment et aucun abri dans ces espaces désertiques. Heureusement, un point de vue aménagé face à un salar me fournit un bout de mur salvateur. Le vent continue à me pousser le lendemain et je passe dès midi le poste frontière - adieu, le Chili ! - et m'enfonce en terre argentine. Même problématique le soir : comment échapper au vent ? Un talus me fournira un abri suffisant. Première localité le lendemain à midi, Susques, où je renoue avec les petits menus de midi, les pieds sous la table. Et le vent d'ouest qui me pousse toujours. Sauf que... en abordant la grande plaine de Salinas grandes, le plus grand salar argentin, il devient franchement de côté, et même un peu contraire. J'espère qu'il montrera de meilleures intentions le lendemain matin et stoppe pour la nuit près d'un groupe de maisons où une ruine me permet de cuisiner et monter ma tente à l'abri. Et d'avoir la compagnie des 2 familles, 2 frères, qui habitent là avec leurs lamas.

Un pique-nique sur le salar de Salinas grandes et j'aborde la dernière difficulté sérieuse du parcours avec une montée de 700 m. Le vent est maintenant définitivement orienté de face, et ce sont plusieurs heures à pousser les pédales pour atteindre l'abra de Potrerillos. Le soleil décline sérieusement quand je m'engage dans les 2000 m de descente exaltante de la cuesta de Lipan. Je regrette de passer si tard dans ce somptueux décor de conglomérat sculpté, déjà à l'ombre sous un ciel couvert. Purmamarca : 3 mois plus tard, me voici revenu en terrain connu, au pays des couleurs. Suite à cette traversée éclair du paso de Jama où j'ai mis 2 jours de moins qu'envisagé, je décide de m'octroyer une journée de repos, mais une journée de repos "à la Laurent", en reprenant le vélo pour remonter la cuesta de Lipan et m'offrir une deuxième fois la descente, sous le soleil, cette fois. Et là, le vent d'est me va bien, pour me propulser au sommet en 4 heures, et filer dans cette descente vent de face, presque sans utiliser les freins.

Encore de la descente pour rejoindre Jujuy, avant Salta. Mais à Yala, 15 km avant Jujuy, je rencontre 2 Français, Jean-Pierre et Yves, qui rénovent un restaurant et installent quelques bungalows, pour y démarrer une nouvelle étape de leur existence. Et, au lieu de poursuivre ma route, me voici parti explorer des lacs d'altitude voisins, passer la soirée en leur compagnie - merci à Yves, cuisinier attitré - et la nuit dans un de leurs bungalows. Le lendemain, il pleut - j'avais quasiment oublié qu'il pouvait pleuvoir - et je renonce à une boucle par les lacs d'altitude et les thermes de Reyes voisins, pour me consacrer au récit de mes aventures réclamés par mes nombreux fans, et en panne depuis plusieurs semaines - merci pour le prêt de votre équipement informatique, les amis ! - et ce n'est que le surlendemain que je fais l'effort de m'extraire du confort douillet de l'accueil de Jean-Pierre et Yves. Bonne chance à "la bohème", leur petit hôtel-restaurant !

A peine plus de 2 heures sur la selle et je suis au camping d'El Carmen (déjà pratiqué à l'aller !). Mais, ce soir, c'est festival folkorique au camping, et fermé aux campeurs ! Je décide donc de faire concert, sans bien savoir où je planterai la tente. Soirée où défilent des groupes, alors que la pluie plombe l'ambiance pendant un bon moment. La "doma", un rodéo à la mode argentine, est écourtée pour cause de terrain glissant. Finalement, à 4h du matin, aux derniers accords du concerts, je plante la tente dans l'enceinte du concert, dans le camping quoi !

Encore une petite étape jusque Salta, agrémentée d'un agréable déjeuner dominical dans une auberge au bord d'un lac, au milieu des Saltenos de sortie. Et voilà la boucle entamée il y a un mois au même endroit bouclée !

photo sur :http://picasaweb.google.com/Benicano/PasoDeJamaBenoit#

bpol@voila.fr

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